Cette fois, j'avais décidé de m'installer dans un centre commercial non loin de chez moi. Je logeais dans un petit appartement quatre pièces quand je n'étais pas Ranch, c'est à dire, presque la moitié de l'année, afin que mon appartement ne me soit pas retiré. Je longeais la galerie marchande principale, ma guitare à la main. J'étais en mode repos, c'est à dire que j'avais du temps libre de temps en temps, une pause nécessaire pour éviter de trop me plonger dans mon boulot au ranch, enfin, boulot, c'était un bien grand mot, car je n'en avais pas tant que ça. J'aidais les arrivants à prendre leurs marques, à s'adapter à cette nouvelle vie qui n'était pas simple pour tout le monde. En effet, tous les nouveaux pensionnaires n'étaient pas heureux d'intégrer le ranch, ils n'étaient pas tous orphelins avec un passé douloureux. Certains venaient d'une famille chaleureuse et ils avaient eux même jugé bon de quitter leur nid douillé pour le bien de tous. Donc, si je pouvais leur être bénéfique, autant l'être ! Mais parfois, ce monde, cet autre univers où je voyais des gens comme moi, avec des pouvoirs plus loufoques les uns que les autres, plus terrifiants, plus dociles m'éreintait. Je devais donc, pour ma santé physique et principalement morale, me couper de tout ça de manière récurrente. J'avançais donc dans la galerie en souriant, l'odeur d'un pain chaud tout juste sortie du four m'arrivait au nez, des friandises aussi. Un mistral gagnant, un roudoudou, du chocolat. Oui, je passais la galerie des artisans en nourriture. Une fois que j'eus traversé cette galerie, je pris les escaliers et descendis d'un étage. Me voici désormais dans la galerie marchande. Je me dirigeais vers l'entrée d'un magasin de mode assez connu pour influencer mon éventuel public. Je tournais la tête de droite à gauche pour voir les gens arriver. Je portais une veste en cuire noire, histoire d'avoir chaud ainsi qu'un pull en col v entièrement noir. Mon pantalon était un jean d'un bleu marine. Le bas du pantalon était usé, délavé et j'avais quelques trous au niveau des genoux. Un effet pauvre garçon ou rebelle que j'appréciais. Mes chaussures étaient une vieille paire de convers noires et blanches toutes usées, tellement, que les lacets étaient détachés, la languette coupée en deux. Je m'adossais au mur avant de hocher la tête. Le moment était venu. Ma main droite alla rapidement se loger dans mes cheveux blonds que j'ébouriffais, histoire de donner un air viril avant de commencer à jouer.

Vas-y, clique !

Après quelques secondes, je continuais de jouer cet air connu du quatrième plus grand guitariste au monde le long de la galerie. Tout ceci m'amena dans une vaste allée où l'étage supérieur relié par deux escalators pouvaient nous admirer, m'admirer jouer. Je n'étais pas très bon pour chanter, je manquais d'entraînement en fait, là, je me contentais de jouer jusqu'à voir arriver deux vigiles au loin, me faisant signe d'arrêter, sinon, gare à moi. Et le pire, je ne cherchais même pas la fortune ! Difficile de la trouver la fortune, ici. C'était simplement un plaisir de jouer ici, seul et d'essayer de faire partager une passion. Je soupirais avant d'arrêter de jouer, de fixer les vigiles au loin en levant les mains, signifiant j'ai pigé gros tas de muscles, je joue plus. J'ai poussé un profond soupire avant de tourner sur moi même à 180° pour voir un petit café avec terrasse dans le centre commerciale. J'ai hoché la tête avant de commander un café au lait et de m'installer à une table, près d'une magnifique et immense baie vitrée, me donnant une vue superbe sur le Bronx. Il pleuvait à torrent dehors et ce climat digne de l'apocalypse me plaisait. Pourquoi ? Parce que j'adorais l'eau tout simplement. C'était mon élément et c'était donc compréhensible. J'ai esquissé un fin sourire et de faire un mouvement de main très léger pour faire prendre aux gouttes s'écrasant avec violence sur la vitre, un autre chemin, volant dans les airs. Je ne touchais pas à mon café qui fumait, j'attendais qu'il soit moins chaud pour pouvoir m'en délecter. Je fixais l'orage qui s'abattait sur la ville depuis quelques minutes à peine, car quand j'étais rentré dans le centre il y a une heure, un ciel sans nuage régnait dans le ciel. Soudain, j'ai senti une autre présence à ma table, juste en face de moi. J'ai légèrement plissé les yeux vers l'intéressé pour la reconnaître. Mirkwood en personne. Je restais silencieux en l'examinant de la tête au pied. Cette Fal'cie me traquait depuis peu, j'étais devenue sa proie à mes dépends et notre première et unique rencontre avait tourné au vinaigre. J'entendais par là, qu'on s'était affronté dans un duel dans un vieille usine délabrée de Harlem où j'avais emporté la victoire de peu. J'avais sacrément mal fini. Une entaille le long de mon bras gauche, la cicatrice était encore visible et je la cachais avec mes vêtements pour éviter des questions trop indiscrètes de la part des pensionnaires et gérants du ranch. Je la dévisageai de mes yeux bleu avant de soupirer, de prendre ma tasse et de boire une fine gorgée. Je n'étais pas stressé ? Pas vraiment. Je savais très bien que jamais elle n'agirait en ces lieux, elle attendrait que je sois seul, c'est tout. Elle me considérait comme un monstre, mais entre nous, le plus monstre des deux, c'était elle. Je laissais échapper un léger soupire avant de braquer mon regard dans le sien.

« Disons simplement que je fréquente souvent cet endroit et que, en aucun cas, je cherchais à vous revoir ici, mademoiselle Mirkwood. Hélas, on en a décidé autrement. Que comptez vous faire donc ? Essayer de m'arrêter ici ? Devant la foule ? J'en doute. Et vous avez très bien vu le temps affreux dehors. Je peux avoir l'avantage sur vous et filer à tout moment. Allons bon... Laissez tomber. Vous autre, Fal'Cie, vous nous considérez comme des monstres tout ça parce que nous sommes dotés d'aptitudes hors normes, mais la vérité, c'est que ce sont vous les monstres. Vous détruisez ce que vous ne pouvez comprendre, ce qui vous effraie et sur quoi, vous n'avez aucune maîtrise. Vous essayez justement de l'avoir en nous éradiquant et en prenant les plus intéressants de nous comme cobayes pour des expériences monstrueuses. Je n'appelle pas ça agir pour l'humanité comme vous osez le prétende. Maintenant, en toute intimité mademoiselle, si on s'en tient à cette logique, qui de nous deux est le plus humain ? »