"Ah mais qui voilà.... Adams. On commençait à drôlement s'ennuyer ici d'dans..."


La dénommée Adams lui lança un simple regard noir en guise de réponse, trop préoccupée par les menottes à ses poignets frêles qui rougissaient de plus en plus. Le poilicier qui l'avait "recueillis" lâcha finalement son bras gauche et la poussa devant le bureau du sergent en chef.


"Je l'ai trouvé dans le parc sur l'avenue Milton, elle fumait de la mari dans un des jeux pour les enfants, vous savez Sergent, l'araignée, celle où vous pouvez grimpez dessus à l'aide de cord..."


"Merde Marc, j'ai pas besoin d'un dessin. Alors. De la mari. C'est plutôt innofensif Adams, si on compare avec les autres nombreuses fois où on t'a arrêté avec de la drogue dure sur toi. Et déjà dans tes veines aussi, en autres."


Complètement nonchalente face à cette situation, Kay-Leann leva la tête et admira les lumières au plafond, qu'elle s'imagina facilement être des étoiles et entra ainsi dans sa bulle. Cette nuit-là. en finissant le boulot vers les deux heures du matin, elle avait voulu y aller molo avec la drogue, un bon petit pétard, ça! ça lui ferait du bien. Encore sur l'adrénaline de la soirée, elle voulait se relaxer un peu, prendre ça 'easy' et en fumant un peu, elle savait qu'elle décompresserait dans l'immédiat. C'est donc en roulant son joint qu'elle se dirigea vers un parc non loin de son lieu de travail, à cette heure, aucun risque qu'il y aie des enfants, et si il y en avait eu, elle n'y aurait tout simplement pas été. Elle était junkie certes, mais pas totalement inconsciente. Se droguer devant des enfants, jamais. Ils découvriront assez vite ce qu'ils avaient à découvrir de toute manière, mais ce ne serait certainement pas elle qui briserait un peu de leur innocence.


Bref, arrivée au parc, elle sourit en voyant que le fameux jeux de l'araignée y était toujours. Le joint entre les lèvres, elle leva les manches de son long manteau noir et grimpa jusqu'en haut où elle s'installa confortablement entres les cordes. Les yeux rivés au ciel sombre, mais étoilé, elle commença à fumer, sentant toutes les tensions quitter son corps et laisser place à la béatitude. S'imagineant des formes diverses et quelconques avec les étoiles, elle ne vit pas la voiture s'arrêter devant le parc, juste devant le jeu où elle était. Chantonnant à voix basse, elle prit la dernière bouffée du pétard et voulant jeter celui-ci, elle tenta de viser la poubelle pas très loin, mais manqua sa cible. Juste au moment où elle vint pour user de son don, une voix l'interpella. Elle en fut si surprise qu'elle perdit son balanc et tomba du jeu, dans le sable. La chute, quoique pas très grave, fit tout de même son effet. Une douleur aigue se fit ressentir dans son poignet droit, mais à peine eut elle le temps de pousser un cri qu'elle se fit brusquement levé de terre et menotter.


Elle avait donc souffert un peu durant le court voyage, mais ne s'était pas plainte, ayant vécu bien pire. Le poilicier n'avait même pas remarqué combien son poignet enflait tant il paraissait excité de sa "trouvaille". Malheureusement pour lui, Kay n'avait aucune drogue sur elle cette fois, ayant déjà fumé la seule dose qu'elle avait amené pour la fin de son chiffre au travail. Une giffle derrière la tête la ramena à la réalité.


"He, quand le sergent te pose une question, tu réponds, okay? Ça doit pas être trop dur à faire pour une droguée non?"


La seconde d'après, ce dernier était couché au sol, Kay par dessus lui, les mains et les doigts bien enfoncés dans la chair de sa gorge, la chaîne de ses menottes étant aussi de la partie. Le visage a à peine quelques millimètres du sien, elle lui offrit un regard meurtrier et emplit de haine.


"Enfoiré tu me touches une autre fois et je t'arrache les yeux avec mes mains de droguées, compris?"


La voix basse et sifflante, le regard fou, et les mains bien incrustés où ça faisait mal, n'importe qui se serait pissé dessus à ce moment, mais heureusement pour l'inconscient, le sergent et un autre officier réussirent à soulever la jeune femme. Il y eut ensuite une cacophonie extraordinaire dans le vaste bureau pour le peu de personne qu'il contenait. Des cris, des exclamations, des bruits de chaises renversées, et même des pleurs se firent entendre dans le commissariat de l'autre côté de la porte, soulevant des questions des collègues de la place. Un courageux vint pour y entrer, quand la porte s'ouvrit violemment.


"QU'ON ME LA FOUT DERRIÈRE LES BARREAUX AUSSITÔT QU'ELLE A PASSÉ SON FOUTU APPEL!!"


Le sergent, rouge pivoine, poussa Kay dans le dos afin qu'on suive ses "instrutions". Un officier au visage porcin se leva immédiatement et alla doucement saisir son bras. Il la guida dans un couloir où elle put faire son "foutu appel". Pendant que la tonalité ne faisait entendre, le poilicier daigna lui adresser quelques mots.


"Tu sais, je suis pas pour tout ce que tu fais....mais de voir le Sergent dans cet état..."


Il eut un petit rire qu'il tenta de dissimuler derrière sa main, et tandis que Kay souriait elle aussi en comprenant ce sous-entendu, on décrocha à l'autre bout de la ligne.


"Grjnaslomm?"


"Minou tu dormais? Eh bien plus maintenant. Tu peux prendre l'argent dans le pot des dépenses pour les conneries que je fais et venir me chercher à ma troisième maison? Tu sais, celle que j'adore tant....mouais bon. Au fait, prend plus que d'habitude, j'ai donné une petite leçon à un enfoiré de policier.... Merci, à tout de suite."


Celui qu'elle attendait ne se fit pas attendre longtemps. Comme toujours, Alexander Myran était là pour elle. Après avoir payer sa caution, elle put reprendre ses biens et lorsque les barreaux quittèrent son champ de vue, elle se lança littéralement à son cou et lui donna un, puis deux, et puis trois gros baisers sonores sur les joues tout en le remerciant plusieurs fois. En sortant du poste, elle vit devant le bureau du chef le crétin de tout à l'heure et tout en lui souriant à pleines dents, elle lui offrit un joli doigt d'honneur. Une fois à l'extérieur, elle chercha sa voiture des yeux, mais ne la vit pas.


"Oooh kiwi le vilain....t'as pas prit la voiture à ce que je vois hein?"


Dans ses yeux on pouvaient y lire facilement toute l'excitation qu'elle ressentait. En effet, Kay adorait faire "de la vitesse" avec son meilleur ami. Un grand sourire illumina son visage.


"Alors...tu m'embarques?"

La journée commençait très mal, après une nuit blanche infructueuse, Alexander ne trouvait toujours pas l'inspiration pour son article ; la date de rendu approchait à grand pas, ses enquêtes faisaient toujours sensation. Cette fois-ci, ses recherches l'avaient amené à des conclusions et des découvertes peu joyeuses... Du tact et du doigté étaient nécessaire à la rédaction, et pour le moment, le journaliste ne trouvait pas la formulation adéquate. Son appartement ressemblait à un champ de bataille entre enfants à coup de boulette de papier ; bien qu'écrivant sur ordinateur en règle générale, Alex trouvait plus facilement l'inspiration avec du papier et un stylo. Comme à son habitude, le pulse ne s'inquiétait guère du temps, de la nourriture et autre besoin naturel dans la mesure où son travail n'avait pas avancé d'un pouce. D'ailleurs, il était même étonné de ne pas encore avoir croisé son fardeau - comme il l'appelait parfois - ; la jeune femme possédait ce don incroyable de débarquer au moment le plus inopportun, et d'empêcher son ami de terminer ses articles. Après un bref sourire, le visage et l'attitude de Kay-Leann s'effacèrent de l'esprit du pigiste.

La journée s'écoula très lentement, comme si la terre tournait au ralenti. Le jeune Myran ne s'arrêta que pour prendre une petite pause repas ; il ne pouvait se permettre de tomber dans les pommes dans cette situation, même si son article commençait à avancer. Petit à petit, ce dernier se dessinait dans son esprit. Une fois ce dernier terminé de manière abstraite, le journaliste alluma son ordinateur et se mit à écrire... Vu l'urgence et le peu de temps restant, Alexander s'autorisa l'utilisation de son pouvoir pour taper son article. Comme à chaque fois, sa maîtrise n'étant pas encore parfaite, quelques touches sautèrent du clavier ; devant ce spectacle, il poussa un profond soupir. Et un nouveau clavier. Après des réparations de circonstances, le pulse reprit sa rédaction de manière plus " normale ". En quelques minutes, son article fut terminé, sauvegardé et envoyé à son rédacteur. Se levant violemment, envoyant valser sa chaise à travers l'appartement, Alex s'étendit au maximum en grognant de satisfaction. Après quelques pas vers sa chambre, il s'étendit de tout son long sur son lit pour prendre du repos bien mérité... Se laissant tombé dans les bras de Morphée, il s'enfonça doucement mais sûrement dans le monde des rêves, se retrouvant aux premières heures de son enfance. Un sourire triste s'afficha sur le visage endormi du jeune homme.

Un coup de téléphone le ramena deux heures après à la réalité. En décrochant, il tenta d'articuler quelques mots mais sa gorge sèche et sa somnolence l'en empêcha.

- " Grjnaslomm? "
- " Minou tu dormais? Eh bien plus maintenant. Tu peux prendre l'argent dans le pot des dépenses pour les conneries que je fais et venir me chercher à ma troisième maison? Tu sais, celle que j'adore tant.... "
- " Encore... Tu abuses sérieusement ces derniers temps. Tu mériterais que je te laisse te débrouiller toute seule " répondit-il, à présent parfaitement réveillé.
- " mouais bon. Au fait, prend plus que d'habitude, j'ai donné une petite leçon à un enfoiré de policier.... "
- " Pff... D'accord, j'arrive "
- " Merci, à tout de suite. "

Après un nouveau soupir, et avoir raccroché le téléphone, Alexander s'extirpa de son lit avec difficulté. Craignant une nouvelle esclandre de la part de son amie, il prit la décision de faire une exception à sa volonté de discrétion ; sa super vitesse l'amena en quelques secondes dans la ruelle à côté du commissariat, avec l'argent qu'il supposait nécessaire. Entrant dans l'établissement, il reçut beaucoup de salut et du serrer quelques mains. Depuis le temps, le journaliste commençait à être connu dans les murs, non à cause de ses enquêtes mais plutôt à cause des frasques de sa protégée. Kay-Lean, son boulet. Il était régulièrement partagé entre la colère et l'inquiétude à son égard. S'approchant du chef, calmé à présent d'après son attitude, il le salua et entama une âpre négociation après l'entrée en matière du policier.

- " Encore venu la sauvé Alex. Tu devrais l'abandonner et penser à vivre ta vie loin de ce déchet "

Avant de répondre, Alexander se contenta de hausser les épaules. Effectivement, il y pensait souvent depuis sa rencontre avec la jeune femme... Mais en toute franchise, il ne voulait pas la laisser seule, et l'aimer comme une petite sœur ; il se serait senti bien trop coupable d'abandonner cette vie qu'il avait sauvé. Pourtant, le journaliste aimerait que cette personne fasse un petit effort pour s'en sortir. Pris dans ce tourbillon de pensées contradictoires, le jeune homme observa son amie sortir de cellule et s'approchait de lui. Tentant d'afficher une expression accusatrice et en colère, elle fut rapidement effacée par l'étreinte de la jeune droguée et ses baisers de remerciement. Soupirant intérieurement, Alex fut désespéré de son attitude aussi faible ; il ressemblait réellement à un grand frère protecteur à l'heure actuel, l'inquiétude avait encore une fois pris le pas sur la colère et la déception. Une fois à l'extérieur du commissariat, il lui répondit par une simple grimace en tirant la langue sur le côté ; cette réaction fut suivi d'un large sourire amusé, sur une expression de fierté. Pourtant la vengeance se préparait déjà, l'excitation de la jeune femme allait s'effacer très rapidement. Il lui répondit simplement et sur un ton détaché, légèrement hautain.

- " Eh non. Nous allons faire comme tout le monde, et rentrer par les transports en commun... à la rigueur un taxi. C'est ta punition pour ce soir, en plus, tu m'as empêché de me reposer donc je n'aurais jamais la force de le faire. Tu es plutôt lourde "

Un petit sourire provocateur s'afficha sur le visage du jeune homme en guide de conclusion. Il observait son amie attentivement, espérant que par ces petits détails, elle comprendrait l'importance de faire plus attention à elle ; depuis fort longtemps, Alex avait abandonné l'idée de la sermonner, dans la mesure où elle n'écoutait qu'en surface et se fichait des réflexions ou reproches qu'on lui faisait. Rapidement, d'un geste de la main, le journaliste stoppa la future tirade de défense.

- " Je ne te reprocha pas ta fumette d'herbe... mais plutôt ton attitude devant les représentants des forces de l'ordre. Tu devrais faire un peu profil bas, je ne pourrais pas toujours te sauver la mise. Tu es libre de gérer ta vie comme tu l'entends, mais une cure ou une vraie envie de changer ne serait pas mal."

Finalement, il n'avait pas pu s'en empêcher. Durant sa tirade, ses yeux reflétaient clairement son inquiétude et sa déception devant le mépris de la jeune femme pour sa propre vie. Sans attendre de réponse, il prit la direction du métro le plus proche d'un pas lent ; après quelques mètres, les mains dans les poches, il se retourna et fit signe à son amie de le suivre avec un large sourire rassurant et amical... Il n'était pas assez rancunier pour lui en vouloir plus longtemps que ça, même si cela ne devait pas l'aider.

Heureusement qu'Alexander était là pour elle. Si il y avait bien une chose dont Kay-Leann était vraiment consciente, c'est qu'elle avait de la chance d'avoir un ami fiable et fidèle tel que lui. Elle pouvait se montrer si exubérante parfois, si nonchalente face à tout ce qui l'entourait, à tout ce qui lui arrivait et qu'en plus, elle détenait un caractère incroyable, que n'importe qui l'aurait lâché depuis belle lurette. Par contre, l'avoir comme amie changeait un peu les choses. Certes elle restait droguée et pas toujours facile à vivre, mais elle était si aimante et elle prouvait son amour d'une telle manière qu'on ne pouvait pas lui en vouloir bien longtemps.


Soit, des amis elle en avait peu.


Qui ne la jugerait pas en sachant que, premièrement, elle était danseuse érotique. Pour la plupart des gens s'était un sujet tabou, souvent ils ne comprenaient juste pas pourquoi une jeune femme avec la vie devant elle dansait pour des hommes qui ne la respectaient sans doute pas. Pour eux, elle ne faisait que s'humilier en public, et s'abaisser dans un rôle de femme soumise et d'objet sexuel. Pour elle, en plus d'être un travail qui lui permettait de se loger et de se nourrir comme jamais auparavent elle n'avait pu le faire, s'était aussi une manière de s'exprimer, la danse ayant toujours été une activité qu'elle adorait. Et le fait qu'elle devait se mettre nue devant un public ne l'embarassait aucunement, au contraire, elle se sentait en pleine possession de ses moyens lorsqu'elle se retrouvait en tenue d'Ève.


Ensuite bien sur il y avait la drogue. Cette dernière faisait peur à tout le monde. Il ne faudrait jamais généraliser, mais dans ce cas-ci, s'était inévitable. Même les drogués eux-mêmes en avaient peur. Et pour eux c'est ce qu'il y avait de fascinant et d'incroyablement attirant: ce monde où rien ne peut les atteindre, ce monde où tout est beau et possible, ce monde où ils ne sont pas que des rejets de la société. Des lâches dirait-on? Ayez un peu d'attention et vous saurez que le trois-quart de ces "lâches" sont des orphelins, étaient des enfants battus ou violés, des enfants dont on a volé l'innocence et la pureté. Regardez plus près, et vous seriez surpris de voir combien c'est la vie qui les ont lâché et non le contraire. C'est d'ailleurs le cas de Kay, elle aurait bien voulu avoir une famille et une vie plus facile que celle qu'elle à mené, mais malheureusement, on ne choisit pas ce genre de chose. Alors voila, elle se droguait, et elle aimait le faire, mais ce n'était pas une mauvaise personne pour autant.


Un autre détail qui ne lui était pas favorable non plus était sa bipolarité. Elle faisait beaucoup d'efforts pour contrôler ses humeurs, mais ce n'était pas toujours évident d'emporter sur la maladie. Les crises qu'elle avait ne faisaient pas plus son bonheur que celui des autres. Et c'est ce qui la dérangeait; ceux qui se plaignaient, qui trouvaient horrible de dijoncter comme elle le faisait parfois, qui ne comprenaient tout simplement pas.... Qui vivait avec ce problème tous les jours? Qui avait la maladie, et qui ne pouvait pas s'en débarasser comme bon lui semblait? Qui? Elle. Et seulement elle. Elle voudrait bien voir quelqu'un qui ne comprenait pas son comportement à sa place ne serait-ce que quelques heures, cette personne comprendrait alors combien s'était difficile pour elle.


Bref, qui voudrait d'une junkie déjancté qui se dénudait pour gagner son pain comme amie? Ceux qui prenaient le temps de la connaître étaient souvent agréablement surpris de constater qu'elle avait une tête sur les épaules, qu'elle avait un bon sens de l'humour et qu'elle était rafraichissante. Tout un numéro oui, mais un beau numéro. Alexander Myran lui avait laissé cette chance de se dévoiler sous son vrai jour, et elle lui en était tellement reconnaissante. Mais bon, on ne changeait pas une personne même si cette dernière vous aimait bien.


- " Eh non. Nous allons faire comme tout le monde, et rentrer par les transports en commun... à la rigueur un taxi. C'est ta punition pour ce soir, en plus, tu m'as empêché de me reposer donc je n'aurais jamais la force de le faire. Tu es plutôt lourde "


La bouche de Kay-Leann ne faisait que s'agrandir de plus en plus en entendant ces mots. Aux derniers, elle eut une fausse exclamation outrée et leva les bras au ciel.


"Mais c'est pas ma faaaaaute si la mal-bouffe est si boooooonne....Et puis c'est pas moi qui est trop lourde, mais toi qui n'est pas assez fort."


Un sourire innocent aux lèvres, elle ricana intérieurement tout en se balançant sur ses pieds d'avant en arrière.


- " Je ne te reprocha pas ta fumette d'herbe... mais plutôt ton attitude devant les représentants des forces de l'ordre. Tu devrais faire un peu profil bas, je ne pourrais pas toujours te sauver la mise. Tu es libre de gérer ta vie comme tu l'entends, mais une cure ou une vraie envie de changer ne serait pas mal."


Tout au long de cette petite tirade, Kay-Leann ouvrait et fermait la bouche telle une enfant qui écoute ses parents la sermonner, les yeux au ciel et les mains bien enfoncées dans les poches de son jean troué. Comme dit un peu plus haut....on ne changeait pas une personne même si celle-ci ressentait de l'affection pour vous, surtout pas Kay.


"Bon t'as finis? J'ai pas besoin du père que je n'ai jamais eu je te signale. Et ce flic a eu ce qu'il méritait, il n'avait qu'à être poli et à ne surtout pas me toucher et je ne lui aurais pas sauté à la gorge. Puis je me suis bien marré de le voir pisser dans ses pantalons...j'suis certaine que tu aurais fait pareil. " Elle lui adressa un clin d'oeil amusé et reprit ensuite gentiment. "Alex....tu sais que je t'aime comme un frère. Mais tu sais aussi que mes problèmes ne sont pas aussi faciles à régler qu'on puisse le croire. Tu sais aussi que je n'ai pas envie de changer. C'est la seule vie que je connais et elle me plait bien."


Un soupir triste lui échappa lorsqu'elle le regarda s'éloigner d'elle sans vraiment écouter ce qu'elle avait à lui dire. Elle savait qu'il s'inquiétait pour elle, mais elle était plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été, et surtout grâce à lui, mais si elle arrêtait son vice à ce moment...s'était sa perte qu'elle causerait, elle savait qu'elle ne tiendrait pas.
Lorsqu'il se retourna et lui adressa ce beau sourire qu'elle aimait tant, elle courut à toute jambe et rentra de plein fouet sur lui. Elle le serra de toutes ses forces contre elle tandis qu'elle appuyait sa joue contre son torse et écoutait les battements de son coeur quelques secondes.


"Merci Alex, merci d'être là."


Reculant tout aussi vite qu'elle était arrivé, elle lui saisit la main et se dirigea lentement vers le métro.


"...J'crois quand même que ça aurait été plus cool de faire de la vitesse, mais bon...."

[ HRP : Désolé pour le retard, gros WE et grosse semaine au boulot... En ajoutant que je viens de mettre en vente l’appartement. Mais voilà ma réponse tant attendue… ou pas ^^ xd ^^ ]
 
Dérangé à l’aube d’un repos bien mérité, Alexander avait accouru aussi vite que possible pour faire libérer son amie. Lui laisser trop de temps l’aurait probablement amené à alourdir sa peine, ou les motifs de sa détention ; le jeune homme la connaissait trop bien pour lui laisser ce genre d’occasion et de possibilité. Sacrée Kay-Leann. C’était son expression préférée depuis qu’il connaissait la jeune femme, enfin plutôt depuis qu’il en avait la charge… Un sauvetage altruiste et désintéressé s’était transformé en un parcours du combattant pour le journaliste, chaque jour, la jeune femme amenait son lot de problèmes et d’inattendu. Contrairement à son discours réprobateur, il aimait la droguée comme sa sœur et la protégeait ; cette solution n’était probablement pas idéal pour la concernée et l’empêcher peut être de se prendre en main. Cependant, après l’avoir rencontré et avoir appris à la connaître, Alex ne pouvait se résoudre à l’abandonner… Ce qu’il aurait pu faire aisément, autant par son pouvoir que par habitude, il était passé maître dans l’art de la disparition et du changement d’identité à présent. Ne l’avait-il pas déjà fait et réussi pour lui et son amie, à son insu pour le moment.
 
Partagé entre l’amusement et la colère face à la nonchalance de son amie, Alexander marchait d’un pas lent et assuré ; sa destination était connue : la bouche de métro la plus proche. Lorsqu’il annonça son projet à Kay-Leann, cette dernière réagit comme elle le devait ; bien qu’il lisait en elle à présent comme dans un livre ouvert. Un léger sourire s’afficha sur son visage à sa réponse. Effectivement, elle n’était pas si lourde ; cependant, la pulse ne se rendait pas compte de l’épuisement qu’éprouvait le jeune homme à la porter et à utiliser son pouvoir simultanément… Peut être avec le temps et le développement de ce dernier, cela deviendrait plus aisé. Malgré la bonne humeur générale, un petit sermon s’imposa ; ce dernier était plus pour la forme, que pour sa véritable portée auprès de l’intéressée. Sa réponse ne fut pas une surprise pour Alex, il s’était attendu à se voir pris à parti… D’un autre côté, il aurait probablement agi pareil mais de manière plus subtil, ou plutôt plus rapide… A cette pensée, le pulse afficha un large sourire. Continuant son chemin, une pointe de tristesse et de compassion passa dans son regard et il opina d’un signe de tête. Expirant bruyamment, le journaliste observa longuement son amie.
 
Cette dernière était finalement tout l’opposé du jeune homme. Il était avenant, elle était plutôt distante. Elle se livrait complètement à ses amis, il ne se livrait totalement à personne. Mais leur plus grande différence était dans leur vision de la vie : Alexander était une personne qui s’adaptait, s’accoutumait et tournait à son avantage toutes les situations ; Kay-Leann avait plus peur de vivre de son point de vue, et le changement lui faisait peur. Même si sa vie était dure et difficile, elle préférait sa routine et ses habitudes à une éventuelle amélioration… Cette pensée déprimait Alex. Pour le moment, les choses fonctionnaient mais un jour, elles finiraient par tourner mal pour elle ou pour lui ; le jeune homme n’était pas sur de pouvoir protéger son amie… Une fois encore, le souvenir de sa famille le rendit nostalgique et coupable.
 
Revenant au temps présent, il afficha son plus beau sourire et se tourna vers la jeune femme. Autant ne pas alourdir une soirée mal commencée. Comme d’habitude, l’effusion de sentiment suivit cette discussion lourde. Il réceptionna tant bien que mal Kay, et la serra doucement contre lui ; il la laissa faire en souriant tel un grand frère plein d’amour pour sa petite sœur. Fermant les yeux en signe d’approbation, il préféra ne pas répondre à ses remerciements… Si seulement, elle pouvait avoir plus confiance en elle. Se laissant entraîner, il répondit calmement.
 
_ « Toujours la solution de facilité… hein ? »
 
Regardant autour de lui, et histoire de la taquiner un peu, Alexander profita de la rue déserte pour faire un de ses petits tours de passe-passe dont il avait le secret. En une fraction de seconde, il se retrouve trois cents mètre devant la jeune femme et l’attendit avec une impatience feinte. Se forçant à soupirer, il lui lança.
 
_ « En plus d’être lourde, ce que tu peux être lente quand même » Lui tirant la langue, il fit un large sourire amusé et ajouta pour lui-même « Me rattraperas-tu vraiment un jour ? »
 
Cette dernière phrase était une petite référence au fait, qu’il n’avait encore avoué toute la vérité sur ses origines à la jeune femme. C’était encore une manière de se protéger, et de protéger sa famille… Elle n’avait pas non plus réellement cherché à savoir. Il trouva cette situation bien paradoxale.
 
_ « Allez dépêche un peu »
 
Lui faisant de grands signes pour l’encourager, toujours aussi amusé par cette petite taquinerie, Alexander attendit qu’elle se rapproche de lui. Faisant une petite moue, et se concentrant sur sa réflexion, il rajouta sans vraiment s’adresser à la jeune femme.
 
_ « Qu’allons-nous bien pouvoir faire du reste de la soirée à présent ?... Je me le demande vraiment… Vu qu’on m’a tiré prématurément de mon sommeil, et que je suis en pleine à présent »
 
Discrètement, il lança un regard en biais vers la jeune femme continuant de feindre d’ignorer sa présence à ses côtés. Son article terminé, il se retrouvait à présent libre pour quelques semaines. C’était ainsi que fonctionnait le jeune homme. Une enquête et un article bien senti par mois, ça payait largement ses frais, et lui permettait de faire ce qu’il souhaitait le reste du temps… Pourtant, Alex réfléchissait déjà à sa prochaine proposition d’article. Son rédacteur en chef semblait apprécier son travail, et à juste titre. Le journaliste n’avait pas son pareil pour découvrir des secrets bien gardés, et d’une manière totalement étrange et inconnu de tous. Comment deviner que derrière ce charment jeune homme si discret se cachait un pulse, au pouvoir très intéressant pour une personne sachant s’en servir à bon escient. Finalement, malgré ses bonnes résolutions, le jeune homme continuait de se servir de son pouvoir de manière illégale… mais pour la bonne cause. Difficile de faire d’abstraction d’une chose faisant partie intégrante de votre vie, et de votre être…

Geignant à voix basse, Kay-Leann suivait son ami les pieds traînant. À quoi bon avoir un pouvoir aussi chouette que celui de ce dernier, Alexander, si on ne s'en servait pas le plus souvent possible pensait-elle. Elle-même se servait du sien assez régulièrement, mais pour de toutes simples raisons. Par exemple, si elle était seule chez elle, ou en compagnie d'Alex, elle aimait bien faire sa paresseuse et faire venir tout ce qu'elle voulait à elle, sans lever le petit doigt. Si aussi elle se promenait dans les rues et qu'il restait discret d'utiliser son don, elle s'amusait à faire des mauvais tours aux piétons, en renversant une poubelle devant eux sans pourtant qu'ils ne l'aient touché, ou bien en attachant les lacets des souliers à distance de ceux qui étaient assis et attendre qu'ils se lèvent...hum, bon, Kay' restait une gamine, ne l'oublions pas.


Mais voila, justement, la beauté de la chose!! Elle avait toujours eut une vie difficile, de durs choix à travers toutes les épreuves qu'elle avait du traverser; elle avait de grosses dépendances et avait des troubles de comportements du à sa maladie, et elle était heureuse! Heureuse! Les statistiques prouvaient que de nos jours, une personne sur trois seulement était heureuse! Elle avait bien ses moments plus difficiles, et plus noirs que ceux que tout le monde avait généralement, mais elle avait appris à vivre avec sa bipolarité, les trucs dont elle était addict' et voila, le tour était joué, elle vivait bien, profitait pleinement de la vie et s'amusait donc comme une vraie petite folle!


Bref, elle, elle n'aurait pas eu à se faire prier d'user son pouvoir à ce moment. Fouillant dans les poches de son manteau, elle saisit dans un petit paquet une cigarette qu'elle glissa entres ses lèvres et l'alluma machinalement avec son briquet vert fluo. Prenant une bouffée qu'elle expira longuement vers le ciel sombre, elle n'entendit pas le murmure de son ami à propos de cette solution qu'il croyait facile. Par chance, parce qu'elle aurait sûrement argumenté comme à son habitude, n'étant certainement pas de cet avis. Il était rare que Kay était du même avis que quelqu'un, que ce soit un ami ou pas. Elle avait ses propres idées et opinions, et les laissaient entendre. Respectueusement certes, (il ne fallait pas la provoquer non plus....hum.) mais la jeune femme n'avait pas la langue dans sa bouche.


Remontant tous ses épais cheveux dans le col de son manteau, la clope coincé entres ses dents, elle pensa un instant à (Peter) Pan et Desby, ses deux furets, ses uniques collocataires si on oubliait le fait qu'Alexander vivait presque chez elle depuis qu'ils habitaient le même palier et vice-versa. Elle adorait ses deux adorables animals de compagnie, qui étaient aussi débiles et hyperactifs qu'elle. Elle détestait s'absenter trop longtemps puisqu'elles les laissaient en cage pendant ce temps, et lorsqu'elle était chez elle ils se promenaient là ou bon leur semblait. Elle vint pour demander au jeune homme s'il les avaient nourris, mais à peine son regard posé sur le Pulse qu'il disparut de son champ de vision, provoquant ainsi aussi une rapide bourrasque de vent.


« En plus d’être lourde, ce que tu peux être lente quand même » Lui tirant la langue, il fit un large sourire amusé et ajouta pour lui-même « Me rattraperas-tu vraiment un jour ? »


Le retrouvant des yeux, elle eut un rictus amusé aux coins des lèvres tout en tirant sur sa cigarette. Elle n'entendit pas sa dernière phrase comme une référence à son passé, mais plutôt comme un défi, une petite provocation que les amis se faisaient entres eux. Elle n'allait pas se le faire répéter deux fois.


« Allez dépêche un peu »


Bah...apparemment si. Hum. Mais jamais une troisième fois! Oh non! Toujours souriante, elle se mit lentement en marche, cherchant des yeux un objet....assez gros, mais pas gigantesque....pas très lourd....ah! Voila. À côté d'une grille renfermant un garage; un pneu d'automobile. Parfait.


"Alors....on fait la course?"


Les pupilles illuminées, elle partit à toutes jambes dans la direction d'Alex sans crier gare. Aussi vite qu'elle avait décollé, elle bougea son index et majeur droit de sa droite vers la gauche et le fameux pneu s'envolla de terre et percuta les jambes de son ami suffisamment fort pour qu'il tombe, sans toutefois se faire mal. Éclatant de rire, Kay' accéléra encore sa course sachant pertinnement qu'Alexander ne prendrait pas son temps pour la ratrapper.


"Et là minou!!?! C'est qui qui se trouve à être lent?! Allez, qu'est-ce que tu attends?? JE SUIS LA PLUS RAPIDE DU MOOOOONDEEE!!!"


La rue endormie ne lui répondit pas, mais elle éclata de rire à ses propres conneries, toujours en courant le plus vite possible que lui permettaient ses petites jambes. Faisant quelques pas de danses en même temps, elle faillit se casser le nez à une ou deux reprises avant de sentir un petit coup de vent derrière elle...